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deux auteurs dramatiques qui la refirent sous le titre de l’Espoir de faveur. » Là dessus, un collaborateur de l’Intermédiaire s’est levé et a déclaré : Je connais quelqu’un qui paraît bien avoir lu ou entendu cette comédie ; c’est Stendhal. Et il citait un passage de Rome, Naples et Florence, où le sujet de l’Orange de Malte est nettement indiqué en deux lignes ; « Un évêque voulant engager sa nièce à être la maîtresse d’un prince, tout en lui faisant des remontrances. » Cet intermédiairiste était sur la bonne voie, mais il est resté à moitié chemin. S’il avait consulté le Journal de Stendhal, il eût trouvé un document grâce auquel le premier chercheur venu peut mettre la main sur ce qui reste de l’Orange, probablement la pelure, c’est-à-dire une médiocre imitation. Stendhal écrit à la date du 7 avril 1805 : « Maisonneuve parlait de l’Orange de Malte de d’Églantine, dont les deux pièces d’hier sont une imitation. La pièce de d’Églantine était du plus grand génie. J’ai senti, en l’entendant esquisser, que le genre comique était mes premières amours. Dans la pièce de d’Églantine, il y avait une maîtresse de roi et un évêque. L’évêque venait persuader à la jeune personne de différer son mariage, et lui faisait un tableau du bien que pouvait faire une femme vertueuse ayant toute influence sur un prince ; arrivait la maîtresse régnante, qui tonnait