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Feuille du Jour, se lamentait, protestait, en appelait au peuple : « Je meurs républicain ! » cria-t-il. — N’en croyez rien, répliqua Champcenetz, je le connais, c’est un charlatan, il est aristocrate comme moi. »

On vit, à ce moment, plus d’un caractère à la Champcenetz, et même parmi ceux qui avaient, comme Biron, joué quelque rôle. Il y avait une insouciance qui touchait à l’inconscience, comme dans ce mot du chevalier du Barry, que rapporte également Mallet : « Le bourreau sera bien attrapé, quand il va me prendre par les cheveux. Mon toupet lui restera à la main. » Beaucoup de ces malheureux semblent retombés en enfance. L’énergie n’était pas de leur côté. Il n’y a décidément qu’une force au monde, la force physique.

« Quelles raisons a-t-il eues de se tuer ? — Il faut, répond Rivarol, de si fortes raisons pour vivre, qu’il n’en faut pas pour mourir. » Ne prenons pas cette philosophie trop à la lettre, mais Rivarol n’était pas, quoi que l’on ait dit, un homme de plaisir. Le meilleur de son temps se passa à rêver dans la solitude, couché sur son lit. Quand il sortait, la gaîté lui était agréable, et Champcenetz l’entretenait en bonne humeur. De collaboration

    justice révolutionnaire avec Parisot, ancien capitaine de la garde constitutionnelle de Louis XVI, et condamné comme tel.