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« Pourquoi ne pas laisser croire à une femme qu’on l’admire quand on ne fait que la désirer ?

« En elles, tout est instinct, et, par conséquent, rien n’est coupable.

« Leurs actions sont quelquefois étudiées, mais jamais elles ne sont raisonnées, et on entrevoit du naturel jusque dans leur déguisement.

« On ne trouvera qu’agréments dans les femmes quand on ne cherchera que des femmes en elles. »

Voici, pour finir, un petit traité de la conduite à tenir avec les femmes :

« Prodiguons la louange aux femmes et simplifions-nous à leurs yeux, puisque c’est là le grand chemin de leur cœur ; elles nous aveuglent par des caresses, endormons-les par des éloges ; surtout, n’abusons pas de leur faiblesse pour les abuser ou les perdre ; en pareil cas, l’outrage est la plus basse de toutes les lâchetés, et l’indiscrétion, la plus mal entendue de toutes vanités. La douceur est leur plus grand charme : apprenons d’elles à l’opposer à toutes les amertumes de l’amour. Employons, pour leur plaire, non seulement tous les moyens qui nous répugnent, mais encore tous ceux qui nous déplacent : on n’est jamais vil dans les bras de sa maîtresse. Consacrons-leur même nos talents, puisque souvent elles les inspirent : adressons-leur sans mesure tous les écarts de notre