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ne s’est débarrassée si vite des agréments de son sexe que pour mieux entrer dans l’esprit du nôtre[1] ? »

Mais les notes sont du bien meilleur Rivarol ; celle-ci sur La Harpe : « On y trouve (au Lycée) tel homme qui, vers l’âge de cinquante ans, n’a été à sa place que là, et auquel on donne mille écus pour le faire parler, tandis que, pour parler, il les aurait donnés lui-même. Ses revers à l’Académie et ses succès au Lycée viennent de ce qu’à l’Académie il lit ses ouvrages, et au Lycée ceux des autres. Du reste, cet écrivain est de la bonne école, et ses pièces sont toujours des contre-épreuves de celles de nos maîtres. Son style est sans beautés, mais il est sans défauts ; et on sent, dans tous les ouvrages de l’auteur, qu’il n’eût point fait de livres, s’il n’y avait point de livres. » Plus tard, mais son impression datait du même moment, il peint Le Brun, homme d’esprit et habile mosaïste, « assis sur son séant dans son lit, avec des draps sales, une chemise sale de quinze jours et des bouts de man-

  1. Dans le Vrai Désaveu, les plaisanteries sont plus grosses : « J’ignorais jusqu’à ce moment qu’il y eût d’autre Garat que Je chanteur…, que M. Gaillard fût de l’Académie… Tout cela me paraît fort étrange, ainsi que M. Bexon, M. Ginguenaud de Montbéiiard, M. Maison-de-Molière, etc. ». Cela, c’est du pur Champcenetz. Que l’on cherche dans les Actes des Apôtres ses plaisanteries sur les députés aux noms ridicules, les Bouche et les Dutrou, les Poule et les Perdrix, les Pétion, les Fricot, les l’Asnon ; sur le citoyen Lanusse déclarant : Je resterai sur mon siège jusqu’à la mort. »