sorte de changement d’état, de péripétie, qui donne au songe de Racine une beauté qui manque à celui de Virgile ».
Ce revirement, Baudelaire, un jour qu’il relisait Athalie, en fut très frappé et, prenant la scène, l’incorporant dans un rêve de mauvais amour, il écrivit les Métamorphoses du vampire.
Transcrire les deux morceaux à la suite l’un de l’autre évitera beaucoup de remarques. Les voici :
C’était pendant l’horreur d’une profonde nuit ;
Ma mère Jésabel devant moi s’est montrée,
Comme au jour de sa mort pompeusement parée ;
Ses malheurs n’avaient point abattu sa fierté :
Même elle avait encor cet éclat emprunté,
Dont elle eut soin de peindre et d’orner son visage,
Pour réparer des ans l’irréparable outrage.
« Tremble, m’a-t-elle dit, fille digne de moi,
« Le cruel Dieu des Juifs l’emporte aussi sur toi !
« Je te plains de tomber dans ses mains redoutables
« Ma fille ». En achevant ces mots épouvantables.
Son ombre vers mon lit a paru se baisser,
Et moi, je lui tendais les bras pour l’embrasser
Mais je n’ai plus trouvé qu’un horrible mélange
D’os et de chairs meurtris et traînés dans la fange,
Des lambeaux pleins de sang et des membres affreux,
Que des chiens dévorants se disputaient entre eux.
(Athalie, ii, 5.)
Le poème de Baudelaire est en parallélisme parfait avec le poème de Racine. Tous les deux sont