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pénétré, il n’y a pas de civilisation à notre manière. » On sait maintenant que plusieurs des grands esprits directeurs de la renaissance italienne étaient d’origine allemande ou franque[1],

Ce qui empêche Gobineau de rendre pleine justice aux civilisations grecque et romaine, c’est qu’il les trouve entachées de sémitisme. Les dernières recherches historiques semblent lui avoir donné raison. Les Grecs subirent de très bonne heure l’influence des Phéniciens. La trace en est visible dans l’Odyssée. Quant aux Romains, il est certain qu’à l’époque impériale il y avait, à Rome et dans tous les centres de civilisation romaine, un très grand nombre de Sémites : les premiers chrétiens d’Italie se recrutèrent très probablement dans la colonie juive.

Gobineau n’admire complètement que les anciens Perses et les Germains. La supériorité des Germaine il la voit dansl’instinct de propriété : tout Germain primitif s’attachait à l’odel, domaine inviolable où il était maître absolu. Ce trait continue, aujourd’hui encore, à marquer toutes les races germaniques, ou touchées par le germanisme, tandis que

  1. Cf. Woltmann, die Germanen und die Renaissance in Italien (1905), et A. Van Gennep, le Rôle des Germains dans la Renaissance italienne (Revue des Idées, février 1906).