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admiration qui s’appuie sur Tribulat Bonhomet, sur les Contes cruels.

Il est possible que l’on écrive un jour une histoire de la littérature française au xixe siècle moins naïvement partiale que celle de M. Faguet, moins courtisane du succès, moins erronée aussi, et qu’on y dise de Villiers exactement ce que M. Faguet dit de feu M. Cherbuliez « C’était un écrivain extrêmement original. » M. Faguet, qui loue de son mieux toute la famille Daudet, ignore jusqu’à l’existence de Villiers de l’Isle-Adam. Il ignore non moins Barbey d’Aurevilly et Stéphane Mallarmé, cependant que ses complaisances n’omettent ni Eugène Manuel, ni Armand Silvestre, ni tous les Broglie, tous les Thureau-Dangin et tous les Sarcey.

Ces notes ne seront pas utiles à ce futur historien ni même à M. Faguet, s’il regrettait un jour sa légèreté ou sa complaisance. Elles ne veulent instruire personne. Ce sont des souvenirs, des propos, des faits menus et peut-être curieux seulement pour celui qui les a recueillis.

L’idéalisme de Villiers était un véritable idéalisme verbal, c’est-à-dire qu’il croyait vraiment à la puissance évocatrice des mots, à leur vertu magique :