agréer un poème par le sieur Delalain ou Vigée, le directeur. C’était difficile. Un avis de l’éditeur placé en tête du volume de J791 nous en avertit « Ceux qui voudront faire insérer des pièces de poésies, etc. On les prévient que l’éditeur recevant Une quantité prodigieuse de lettres à ce sujet, il luiestimpossible d’y répondre ; mais on peut être sûr que toutes les pièces qui lui parviennent sont examinées avec le plus grand soin. » L’éditeur ne change pas, sans doute parce que son métier est toujours le même ; mais les poètes sont encore plus toujours les mêmes. Le désir de M. le chevalier de C… fut accompli ; sous cette signature abrégée, l’Almanach des Muses de 1790 publia l’Amour de la Campagne :
Que de ces prés l’émail plaît à mon cœur !
Tout, dans ce morceau ingénu, n’est pas si mauvais que le premier vers, et c’est encore la meilleure page de tout le volume :
Rentré dans la nuit des tombeaux,
mon ombre encor, tranquille et solitaire,
dans les forêts cherchera le repos.
Au séjour des grandeurs mon nom mourra sans gloire,
mais il vivra longtemps sous les toits de roseaux…[1].
- ↑ La principale originalité de l’Almanach des Muses, sous la