L’ALMANACH DES MUSES PENDANT LA RÉVOLUTION
« Une vue de la littérature, isolée de l’histoire des nations, dit Chateaubriand, au début de son Essai sur la littérature anglaise, créerait un prodigieux mensonge ; en entendant des poètes successifs chanter imperturbablement leurs amours et leurs moutons, on se figurerait l’existence non interrompue de l’âge d’or sur la terre… Il y a toujours chez une nation, au moment des catastrophes et des plus grands événements, un prêtre qui prie, un poète qui chante. »
Sans doute ; mais ce prêtre et ce poète, par leur sérénité ou leur indifférence, sont la preuve que, même au moment des plus tumultueuses catastrophes politiques, il y a encore des retraites, en un pays anciennement civilisé, où l’on peut vivre en paix, prier, rêver, faire des vers — et même badins. Il serait puéril et, en effet, mensonger, de prendre