appelons le féminisme va s’accomplir. Cela a dépassé toutes les espérances, même les plus ambitieuses. Les hommes sont devenus des femmes par la faiblesse et la paresse ; les femmes sont devenues des hommes et elles ont usurpé leurs emplois : « Gardons-nous de rire, lorsque nous verrons une bourgeoise plaider au Châtelet et son mari monter une garniture ; une femme de l’ancienne robe prononcer des arrêts et un Président faire des nœuds : une duchesse au Conclave et un cardinal demander le tabouret. »
L’outrance même de la satire montre combien depuis quatre-vingts ans les mœurs ont changé. La femme, vers la moitié du dix-huitième siècle, s’est libérée entièrement de l’esclavage domestique ; elle est devenue « la maîtresse de maison », celle qui commande, celle qui est responsable. L’expression familière, « Madame est servie », date de cette époque. Coyer la note, en ajoutant le mari peut s’absenter, c’est un personnage qu’on double aisément.
Ni les désirs de Poullain de la Barre ne se sont encore réalisés, ni les prédictions de l’abbé Coyer : cependant « des bourgeoises plaident au Châtelet » et d’autres, bientôt peut-être, enseigneront l’ana-