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M. Joseph Bédier, le successeur de Gaston Paris au Collège de France, a transposé en une langue élégante et claire les fragments de nos anciens poèmes sur Tristan et Yseult. Cela a donné un roman charmant et qui a eu du succès. M. Jean Moréas vient à son tour nous offrir quelques contes de la vieille France.

« Je voudrais, nous dit-il, dans un bref avertissement, que ce livre fût comme un miroir du moyen âge français : tendre, tragique ou plaisant. De petits poèmes, des fabliaux, ou bien des chroniques en prose m’ont fourni le sujet et les principaux ornements de mes contes. Ici j’adapte, n’en prenant qu’à mon aise ; là, je transcris sans plus. Il m’est arrivé de soude rdeux aventures en une. Quant au style dont je me suis servi, il est fort simple, mais avec quelque chose de ces gracieuses façons de jadis. »

Nous ne sommes donc pas en présence, comme dans le scrupuleux travail de M. Bédier, d’une traduction véritable. C’est un miroir, mais brisé et un peu terni. Le style est simple, en effet ; il l’est trop peut-être, et on voudrait y retrouver quelques-uns de ces naïfs enjolivements dont nos vieux poètes sont assez prodigues, et aussi quelques-unes de ces