L’une poussait un faix ; l’autre prêtait son dos ;
L’amour du bien public empêchait le repos.
Les chefs encourageaient chacun par leur exemple.
Un du peuple étant mort, notre saint le contemple
En forme de convoi soigneusement porté,
Hors des toits fourmillants de l’avare cité.
Cependant, je ne crois pas ici à une observation directe et minutieuse ; il faut, pour constater tels faits, si menus et si difficiles à voir, une patience que n’avait pas la Fontaine. Que les fourmis enterrent leurs morts, c’est une tradition très ancienne ; elle est consignée dans Pline : Sepeliunt inter se viventium solæ prœter hominem. Pline, assez souvent exact, est bien plus amusant que tous les fabulistes ; il va nous expliquer l’avarice des fourmis : « Chez les Indiens septentrionaux, qu’on appelle Dardes, certaines fourmis tirent l’or des mines ; elles ont la couleur du chat (sauvage) et la grandeur du loup d’Égypte. Ce métal, qu’elles ont extrait pendant l’hiver, les Indiens le leur dérobent pendant les ardeurs de l’été : les fourmis sont alors retirées dans des souterrains, à cause de la chaleur. Toutefois, averties par l’odorat, elles sortent, volent après les ravisseurs et souvent les mettent en pièces, sans que la légèreté de leurs chameaux puissent les sauver. Telles sont et la vitesse