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très pensées que l’on pourra examiner plus tard, dans Par de là le bien et le mal.

Le chapitre VII de Humain trop humain, intitulé « La femme et l’enfant », débute par une idée juste et neuve : « La femme parfaite est un type plus élevé de l’humanité que l’homme parfait : c’est aussi quelque chose de plus rare. L’histoire naturelle des animaux offre un moyen de rendre cette proposition vraisemblable. » Ce qui frappe surtout dans cette pensée, c’est la dernière phrase, où il y a une magnifique intuition de la vérité scientifique. Dans la plupart des espèces animales, en effet, comme je l’ai démontré moi-même dans un livre spécial[1], la femme est le type supérieur. Chez les insectes en particulier, et chez les plus intelligents, la femelle remplit seule presque toutes les fonctions sociales qui, dans l’humanité et chez les oiseaux, sont partagées entre les deux sexes. Elle est à la fois la constructrice du nid, l’amazone qui le défend contre les ennemis, la chasseresse qui pourvoit de gibier sa progéniture ; elle est tout. Le mâle n’est presque rien : il paraît un instant, remplit son office naturel, puis disparaît.

Il est resté à la femelle, dans les espèces supé-

  1. La Physique de l’Amour (5e édition).