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olympique, à la manière de Gœthe, qui fait que l’on domine la vie, qu’on la regarde de haut.

J’ai pensé à Balzac — M. Paul Adam en sera flatté, j’espère — en lisant, dans la biographie que l’on vient de donner de l’auteur de la Ruse, la liste de ses œuvres. Il y a en effet quelque chose de balzacien dans la fécondité de ce jeune romancier qui, en dix-sept ans de travail, nous aura donné trente-cinq volumes, et souvent des volumes énormes, qui en valent deux ou trois par la compacité. Quelle est sa méthode de travail, je ne l’ignore pas absolument ; elle est plus raisonnable que celle de Balzac et, par conséquent, elle durera sans doute plus longtemps. Il y a déjà bien des années, alors que son œuvre s’ébauchait seulement, j’ai écrit de lui ce mot qui a été plusieurs fois répété : « Paul Adam est un spectacle magnifique. » Le moment est venu de le redire, car il a été prophétique et il est devenu plus vrai de jour en jour. Mais je songe aussi qu’il y a des spectacles dont la magnificence inspire un peu d’effroi ; on les voudrait moins tourmentés, on redresserait volontiers telles de leurs lignes d’un tragique un peu fantasque. Kant, qui s’est mêlé de rédiger une esthétique, dont la gravité est un peu ridicule, distingue, non sans