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nuit ; pensez à cela quand vous le lirez. La Vieille fille a été écrite en trois nuits. La Perle brisée, qui termine enfin l’Enfant maudit, a été faite en quelques heures d’angoisses morales et physique… J’ai écrit à Saché, en trois jours, les cinquante premiers feuillets des Illusions perdues… Au moment où je vous écris, j’ai devant moi les épreuves accumulées de quatre ouvrages différents qui doivent paraître en octobre (c’est la date même de sa lettre); il faut suffire à tout cela. J’ai promis à Werdet de publier la troisième livraison des Études philosophiques, ce mois-ci, et aussi le troisième dizain des Contes drôlatiques, et de lui donner pour le 15 novembre les Illusions perdues. Cela fait cinq volumes in-douze et trois volumes in-octavo… » Ce labeur effréné le rendait fou ; il aggravait son état de fatigue par un régime rigoureux d’abstinence, ignorant, le malheureux, que le travail cérébral, lui aussi, est un travail physique, et qu’il faut manger pour écrire comme pour transporter des fardeaux. « Il y a plus d’un mois, dit-il dans la même lettre, que je me lève à minuit et me couche à six heures du soir, que je me suis imposé la plus stricte nourriture qu’il faille pour vivre, afin de ne pas envoyer au cerveau la fatigue d’une digestion ; eh bien,