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res et demande humblement à la poussière des ancêtres le mot de passe vers l’avenir.

Il donne de son idée un portrait meilleur que tous ceux que l’on pourrait tenter. Elle porte le costume lorrain :

« Le jour des Morts est la cime de l’année. C’est de ce point que nous embrassons le plus vaste espace. Quelle force d’émotion si la visite aux trépassés se double d’un retour à notre enfance ! Un horizon qui n’a point bougé prend une force divine sur une âme qui s’use. Le 2 novembre en Lorraine, quand sonnent les cloches de ma ville natale et qu’une pensée se lève de chaque tombe, toutes les idées viennent me battre et flotter sur un ciel glacé, par lesquelles j’aime à rattacher les soins de la vie à la mort. »

J’ai cité tout le passage pour laisser leur importance entière aux derniers mots. Ils ont une valeur philosophique, cela est certain ; ils sont même d’accord avec les données de la biologie et tout ce qu’il y a d’exact et de sain dans l’enseignement de la science. Un homme, quel qu’il soit, et aussi un animal, et aussi une plante, tout ce qui vit et même tout ce qui ne vit pas, tout ce qui est procède de ce qui fut. Ou plutôt, il n’y a ni générateurs ni pro-