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Que font-ils, d’après M. Huysmans dans leur abbaye, ces moines ? Rien qui vaille la peine d’être raconté. Ce sont d’honnètes personnages qui se lèvent à quatre heures du matin, récitent des prières, chantent les offices et lisent parfois « des morceaux de vies de Saints écrites dans ce style oléagineux cher aux catholiques ». À quoi s’intéressent-ils ? À la liturgie, aux cérémonies du culte. C’est à peu près leur seule occupation. Toute la vie de l’abbaye se concentre dans cet unique souci : reconstituer tels qu’ils étaient, aux siècles brillants de l’Église, le cérémonial et le plain-chant grégorien. L’après-midi, surtout les veilles de fête, se passe en répétitions. C’est un théâtre pieux où l’on joue devant Dieu le drame liturgique. Rien de plus innocent qu’une telle existence.

Durtal, devenu oblat, y participe avec une joie discrète. Il goûte les chants, la prière, l’encens, la liturgie ; il goûte aussi le plaisir de relever ce qu’il trouve d’imparfait en des cérémonies qui témoignent trop souvent de plus de bonne volonté que de sentiment vrai de l’art religieux. Sa petite maison, non loin du cloître, est entourée d’un joli jardin vieillot, où l’on ne voit que des fleurs simples et provinciales, véronique, glaïeul, soleil, sauge, bourache, et toutes sortes de plantes médicinales recom-