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dre plaisir à ces récits dont la froideur rassure, dont la sincérité est évidente. Qu’il s’agisse de l’histoire de deux ouvrières parisiennes, d’un homme de lettres parresseux et faible, d’un bureaucrate en quête d’un restaurant convenable, d’un neurasthénique travaillé par le besoin de ne pas vivre comme tout le monde, on sent que rien n’est inventé, que tout a été observé directement et que tout enfin s’est passé autour du même homme, l’auteur. Le point de départ n’est jamais une idée, mais un fait réel.

On a dit qu'À vau-l’eau était le roman type de M. Huysmans, celui qui résume tous les autres, au moins par la méthode. C’est exact. En chacun des romans de M. Huysmans, il s’agit d’un monsieur qui s’ennuie, cherche à améliorer sa vie et n’y parvient pas. Tous sont pessimistes, même ceux que la foi inspire, et tous finissent par une déception, même l’Oblat. Que le but soit de s’arranger une petite vie médiocre, mais supportable, ou, au contraire, de s’établir définitivement dans la vie religieuse, la conclusion est la même : il faut toujours, au dernier moment, renoncer à ses espérances et, comme le lamentale M. Folantin, « rentrer à la vieille gargote, retourner à l’alfreux bercail ». Et