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contes de Poe, jusqu’au moment où Baudelaire s’empara du grand écrivain dont il devait être le collaborateur autant que le traducteur.

Baudelaire, qui n’avait pu lire l’Orang-Outang sans ressentir « une commotion singulière » (Lettre à Armand Fraisse), suivit la querelle et dès qu’il connut le nom de Poe s’enquit de ses œuvres. On a dit qu’elles n’avaient pas encore été réunies en volumes, qu’elles gisaient éparses dans les collections de plusieurs journaux et magazines américains, Graham’s, Southern Literary Messenger, the Sun, etc., toutes publications fort difficiles à se procurer en France. C’est une erreur manifeste, puisque les Tales of the Grotesque and the Arabesque, matière des deux premiers volumes de la traduction Baudelaire, avaient paru en 1839 ; pour les volumes suivants, Baudelaire puisa dans l’édition des œuvres posthumes publiée par Rufus Griswold. C’est en juillet 1848, un an avant la mort de Poe, qu’il donna, dans la Liberté de penser, sa première traduction, Révélation magnétique. Il est absolument faux qu’il ait appris l’anglais exprès ; comme le fait remarquer M. Créipet (Œuvres posthumes de Baudelaire), il avait appris l’anglais, tout enfant, de sa mère.