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8.

Poe défend volontiers les poètes. Il déclare que leur irritabilité vient de ce qu’ils ont une perception très nette du beau et par conséquent du laid, du vrai, du faux, du juste, de l’injuste. Qui n’est pas irritable n’est pas poète. C’est sa propre défense, car il était fort irritable ; plusieurs de ses jugements littéraires sont méchants jusqu’à la cruauté. Baudelaire a une autre manière de défendre la poésie et les poètes : « Canaille. Par canaille, j’entends ceux qui ne se connaissent pas en poésie. » (Lettre à Jules Janin.)

9.

The Murders of the rue Morgue furent publiés par Poe en avril 1841 dans le Graham’s Magazine. En 1846 une adaptation de ce conte, mais donnée comme une production originale, quoique non signée, parut dans la Quotidienne, sous le titre de l’Orang-Outang. Peu de temps après, le Commerce publiait, en lui rendant son vrai titre, une traduction intégrale du même conte : ce traducteur, qui avait signé Old-Nick, était E.D. Forgues, qui devait, le 15 octobre suivant, faire connaître Edgard Poe