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pratiques des arboriculteurs, s’il n’est pas prouvé fju’eiles soient favorables, il n’est pas prouvé non plus qu’elles empêchent la croissance et la venue normales des arbres « transplantés deux, trois, quatre fois et plus ». Il ne semble pas nécessaire, quand on opère sur le terrain même, de faire subir aux jeunes plants une éducation si mouvementée ; mais peut-être, tout de même, que cela leur forme le caractère. En tout cas, une transplantation, opérée au bon moment, dans de bonnes conditions, ne nuit jamais, et tous les arbres s’y prêtent, même ceux qui sont doués du pivot le plus entêté.

Le pivot, d’ailleurs, n’est qu’un organe momentané. Destiné à enraciner le jeune plant, il disparaît quand son œuvre est accomplie. Dans les arbres, il y a deux sortes de racines, les pivotantes et les traçantes : « Le pivot proprement dit, la racine centrale formant le prolongement direct de la tige, est un organe dont le développement n’est très prononcé que dans la première jeunesse de l’arbre. Plus tard, il s’arrête dans sa croissance, alors même qu’il ne rencontre pas d’obstacle à son allongement, pour se ramifier et faire place à des racines nouvelles…[1]. »

  1. Lorentz, p. 8.