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n’était de mensonges que dénués de toute force d’édification.

Edifier, dans le langage ecclésiastique, c’est plaire, dans le langage vulgaire ; c’est plaire aux âmes et tant qu’on les tire vers Dieu. Cela aurait pu être le but de M. Huysmans, soucieux de racheter de vieux péchés ; mais il est trop resté l’homme de l’écriture et de l’écritoire pour se borner en un vœu aussi naïf. C’est à lui-même qu’il a voulu plaire, lui-même qu’il a voulu édifier, et convaincre une bonne fois que toute la sagesse humaine s’humilie et fuit devant le divin, même absurde. Et cet absurde, il l’a mis en lumière avec crudité et avec cruauté. Sa couleur violente exalte les grimaces des faces et des âmes : sa sainte est une hystérique dont la piété n’est qu’une longue et douloureuse démence !

Je n’exposerai pas le thème théologique de Sainte Lydwine. C’est celui de la réversibilité des mérites et des démérites. Lydwine, fille de pauvres gens de Schiedam, en Hollande, après une jeunesse sans histoire, tomba malade à la suite d’une chute sur la glace, se coucha et ne se releva plus jamais. D’après la légende, elle souffrit à la fois d’un grand nombre de maladies, qui semblent toutes avoir été régies par une hystérie très prononcée. Elle avait