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Pour prouver l’utilité de la transplantation, je citais la note suivante, découverte par M. André Gide dans un catalogue d’arboriculteur :

« Nos arbres ont été transplantés deux, trois, quatre fois et plus, suivant leur force, opération qui favorise la reprise ; ils sont distancés convenablement, afin d’obtenir des têtes bien faites »

Ce qu’il y a de spirituel, et de merveilleusement adapté au sujet de la controverse, dans les derniers mots de ce paragraphe, n’a pas ébloui M. le baron de Beaucorps, et il a rédigé, à mon intention, un petit cours abrégé de sylviculture[1], fort raisonnable et fort instructif, où il nie délibérément la valeur culturale, « éducative », de la transplantation. Il y a beaucoup de vrai dans ses arguments, qui sont d’un homme pratique, connaissant et aimant les arbres ; mais tout n’y est pas incontestable, loin de là, et c’est pourquoi je continue la discussion.

Ramené sur son vrai terrain, sur la terre nourricière des arbres et des hommes, la question se ramène à ceci : vaut-il mieux semer les arbres sur place que sur pépinière, pour les transplanter plus tard ?

  1. Weekly Critical Review, 27 août 1903.