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à Paris, puisqu’ils s’y sont tous plus ou moins noyés, il ne s’ensuit pas qu’un huitième Lorrain aura tort de suivre leur exemple. Car ce huitième Lorrain, ce sera peut-être un Barrès,

Ainsi finit par un compliment cette dispute où M. Gide a montré qu’il savait voir à la fois l’envers et l’endroit des choses, ce qui est toute la philosophie.


II

Je crois qu’un écrivain, quel qu’il soit, poète, philosophe ou romancier, doit être aussi un grammairien. Dante, Corneille, Voltaire, Victor Hugo étaient grammairiens, comme Aristote ou Virgile, comme Platon ou saint Jérôme. Il faut être grammairien, au moins après coup ; il faut être prêt à justifier la valeur des métaphores que l’on a employées, La métaphore est une méthode abréviative ; sa qualité principale, et sans laquelle elle n’est plus rien qu’un jeu de mots, est l’exactitude. Or, M. Barrès a imaginé l’expression péjorative de déracinés pour figurer l’état d’un homme qui, né dans un pays, est allé végéter dans un autre ; il songeait à