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Byron. La seconde pièce des Méditations, l’Homme, est adressée à lord Byron :

Toi, dont le monde encore îgnore le vrai nom,
Esprit mystérieux, mortel, ange, ou démon,
Qui que lu sois, Byron, bon ou fatal génie…

Trois ans plus tard, en 1823, les Nouvelles Méditations contiennent le dernier chant de Childe Harold, nouvel hommage à un poète dont la gloire était devenue presque populaire. Dès 1820, Amédée Pichot avait commencé la traduction des Œuvres complètes de Byron : le romantisme avait découvert un de ses maîtres les plus tyranniques. Les premiers vers de Musset sont très nettement influencés par le Byron ironique de Don Juan, tandis que Lamartine, toujours grave, n’avait senti que Childe Harold et Manfred. Ce Manfred, quelle destinée il eut dans la littérature française ! Il est partout, jusque dans Octave Feuillet, jusque dans Villiers de l’Isle-Adam. Il persiste jusqu’à ce que Zarathroustra, dont il a préparé la voie, le vienne remplacer. Le testament de M. de Camors, de ce timide Feuillet, que M. Zola méprisait faute de le pouvoir comprendre, est, au point de vue de cette filiation, un document des plus curieux. C’est Manfred qui parle ; c’est aussi un peu et d’avance, tout