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rent. Il y eut, je crois, un compromis[1] ; on en trouve la preuve dans la note que l’éditeur Lemerre mit en tête du septième volume des Œuvres de Barbey d’Aurevilly : « Les Diaboliques ne pouvant être réimprimées dans une édition isolée et spéciale… » Depuis, on a passé outre et d’ailleurs les Diaboliques de Lemerre se sont toujours vendues séparément. On ne sait de qui la parole eut le plus de poids ; Tailhand céda aux deux groupes, au même moment, heureux, en bon politique, de contenter à la fois deux amis ou deux ennemis. Il est assez curieux de voir Gambetta solliciter en faveur d’un écrivain catholique un ministre réactionnaire : « Vous êtes de ceux, écrivait-il alors à d’Aurevilly, que la politique elle-même ne peut faire oublier. » Continuant à diviser ses forces, l’auteur des Diaboliques jugeait toujours « les œuvres et les hommes », admirant les Origines de Taine, dépréciant l’Assommoir, raillant les bas-bleus, méconnaissant avec le même emportement Gœthe et Diderot ; mais c’est une Diabolique, la dernière, Une Histoire sans nom, qui le fit entrer au port, par dessus le banc de sable, comme une lame puissante

  1. Sur lequel M. Grelé ne fournit aucun renseignement.