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plus exactement, n’a peint sous toutes ses faces ia tristesse ou la splendeur de ce pays capricieux qui, dans la même matinée, éclate au soleil comme une immense et joyeuse émeraude ou semble s’affaisser et se dissoudre dans le brouillard et dans la pluie. Mais quand il est en Normandie, il est si heureux, que la pluie elle-même ne peut le mettre de mauvaise humeur : « J’ai eu ici, écrit-il, deux jours d’un temps royal, mais à présent ce sont des pluies, superbes de caractère dans ce pays d’Ouest fait pour elles…[1]. »

En ces lettres qu’on vient de publier et qui sont toutes datées de Valognes, ou des environs, l’aveu de son profond amour pour ce coin de terre ne s’exprime qu’en phrases assez brèves ; il l’a réservé pour d’autres correspondants et surtout pour ses livres, pour ses romans, qui se passent presque tous dans la presqu’île du Cotentin, entre Cherbourg et Coutances.

Ce poète avait une idée en peignant toujours des paysages normands, des caractères normands. Il voulait décentraliser le roman et montrer que la province, et une de celles qui passaient alors pour

  1. Lettres de Barbey d’Aurevilly, Paris, Mercure de France, 1903. — Cf E. Grelé, ouvr. cité.