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s’expliquerait peut-être par l’apparence académique ou du moins cénaculaire qu’affectait l’assemblée de ces nouveaux poètes. Le vieil individualiste, qui eût accueilli avec joie un Verlaine ou un Heredia isolés, les méconnut parmi une trop nombreuse troupe. Mais que c’est difficile ! Comment deviner Villiers de l’Isle-Adam dans le jeune homme sentimental qui balbutie ? Tout de même la conque du Parnasse avait une sonorité nouvelle ; il fallait s’en apercevoir, écouter, attendre. Quand il se produit une soudaine éclosion de trente-sept poètes, et qu’un Théophile Gautier s’est fait le guide de la poussinée, le critique, même s’il ne comprend pas, s’il ne sent pas, est tenu à quelque prudence. Barbey d’Aurevilly se fâcha, on ne sait pourquoi, et proféra des bêtises. La polémique, où se mêla Verlaine, fut ridicule ; mais il demeura, en quelques sensibilités, une rancune qui chercha et trouva sa revanche.

Malgré ces erreurs, son renom de critique grandissait singulièrement, si bien qu’il hérita, en 1870, du rez-de-chaussée de Sainte-Beuve, au Constitutionnel. Mais voici un événement plus important : en novembre 1874 paraissent les Diaboliques, sur le chantier depuis plus de vingt ans. Cela, c’est la