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naïves. Un article fâcheux sur Gœthe, mais qui visait Sainte-Beuve, augmenta l’attroupement : deux maladresses faisaient plus pour Barbey d’Aurevilly que trente ans de belle et courageuse littérature. Le procès que lui intenta la Revue des Deux Mondes ridiculisée dans une chronique" parue au Figaro acheva d’assurer l’autorité d’une signature que l’on redoutait. Condamné sur une plaidoirie de Gambetta, qui demeura son ami et le lui prouva plus tard, quand il fut question de poursuivre les Diaboliques[1], d’Aurevilly se vengea du monde officiel en publiant[2] ses Quarante Médaillons de l’Académie, — que l’Académie ne lui pardonna jamais. Au milieu de tout ce tumulte, il se justifiait en achevant un de ses plus beaux romans, le Chevalier Des Touches (1863).

Les opinions littéraires de Barbey d’Aurevilly sont assez sûres quand il s’agit des romantiques ; il fut injuste pour quantité de jeunes gens. Son attitude agressive contre le Parnasse contemporain

  1. Les Fleurs du mal, Madame Bovary, les Diaboliques, ces trois titres sont aussi le nom de trois rudes victoires remportées par la liberté d’écrire sur l’autorité morale. La première fut incomplète ; la dernière fut remportée sans bataille publique, par la fuite des agresseurs.
  2. En collaboration avec probablement Théophile Silvestre.