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miracles sur la parole de Dante, dont « l’autorité n’a rien qui le doive cédera celle d’Ernest Renan », et au surnaturel, en général, sur la caution de M. Renouvier, qui a jugé ainsi Renan : « Jamais Renan ne connut assez les limites et la méthode des sciences expérimentales pour comprendre qu’elles ne vont au fond de rien et qu’il leur est interdit de nier, aussi bien que d’appuyer la solution d’aucun problème philosophique d’ordre général, ou de donner ou de refuser un fondement aux théories de la morale et du droit pas plus qu’aux croyances surnaturelles. » Ce M. Renouvier, qui vient de mourir, était un homme des plus estimables, mais non une autorité. Il passait pour libre penseur, mais il eût pu fort bien professer la philosophie au séminaire de Saint-Sulpice ; sa doctrine n’y eût choqué personne.

Mais il faut finir, car je serais tenté, peut-être, de répondre à cette question de M. Brunetière : « Qu’est-ce que les sciences expérimentales, incapables qu’elles sont de nous renseigner sur la constitution de l’univers, peuvent bien nous apprendre de son origine ? et de la nôtre ? et de nos destinées ? » — Et cela serait indiscret.

Il reste que, voulant expliquer et contredire