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Maîtresse. Son Brummel l’occupe aussi ; il essaie de le placer à la Revue des Deux Mondes, Buloz « se prosterne pour refuser », mais il refuse ; c’est Trébutien qui l’éditera à Caen, en un précieux petit volume. L’Amour impossible n’avait eu qu’un succès assez vague ; l’auteur s’en console en voyant s’entr’ouvrir devant lui la lourde porte du Journal des Débats. Entre deux livres, il est allé à Dieppe, faire élire le candidat de l’opposition ; il est fier de sa victoire, se proclame pompeusement « un Warwick électoral ».

La position de Barbey d’Aurevilly dans les lettres est à ce moment assez équivoque. Ce mélange de littérature et de médiocre politique déroute. Si on insistait on trouverait d’autres motifs de surprise : une collaboration trop accentuée, trop prise au sérieux à des journaux de mode. Il y a là beaucoup de souplesse, il y en a trop. S’intéresser au même moment à Brummel et à Innocent III, non pas en passant, comme dans une causerie, mais longuement, profondément, c’est singulier. Barbey était plus près de Brummel ; mais il se croyait plus près d’Innocent III. Cette méprise lui fera écrire bien des choses inutiles, sinon dangereuses pour sa réputation.