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très possible qu’il les ait créés lui-même, sur le modèle de ceux que lui avaient racontés sa nourrice ou sa mère.

Cela est possible ; on vient d’ailleurs de nous en donner une nouvelle preuve. Deux jeunes écrivains, Pierre de Querlon et Charles Verrier, ont publié, il y a quelques semaines, un petit volume, la Princesse à l’Aventure, qui est un véritable conte de fées. On ne serait pas très surpris de le trouver dans les recueils anciens ou dans la « Bibliothèque bleue » ; il est ingénu et compliqué, obscur et merveilleux ainsi que tous les vieux contes. Comme il convient, on ne comprend bien l’histoire que lorsque l’on est arrivé au dernier feuillet. Mais à ce moment, tout devient limpide et l’esprit est satisfait. Il est vrai de dire que l’on attend sans aucune angoisse le dénouement heureux. Il est prévu, et d’ailleurs la promenade est si charmante qu’on s’y attarde volontiers. C’est un des livres les plus jolis qui aient paru depuis longtemps. Je ne sais quel a été son succès. Aucun des « grands critiques » académiques n’en a parlé ; cela est trop délicat pour eux. Je crois pourtant que si ce petit conte pouvait arriver jusqu’au public, il plairait infiniment à ceux qui ont quelque goût littéraire,