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On cherche beaucoup, en France, à détruire les patois, les coutumes, tout ce qui caractérise les anciennes provinces et les maintient encore un peu différentes de Paris. Mais tous les efforts se briseront contre les patois qui ne sont que du français prononcé d’une manière particulière, et cela pour des motifs physiologiques qui se comprennent facilement. La prononciation tient à la forme des organes vocaux ; un très long exercice est nécessaire pour les discipliner. En fait, à l’heure actuelle, un observateur, un écouteur, est capable de déterminer l’origine exacte de n’importe quel habitant de la France. L’accent ne passe pas dans le langage écrit ; et c’est pourquoi nous n’aurions jamais deviné, à lire ses vers, que Mme Delarue-Mardrus fût née à Honfleur, plutôt qu’à Beauvais. C’est un éloge, et Malherbe avait raison de dire : « Hors de Paris il n’y pas de salut. » C’était pourtant un Normand renfoncé, mais non en littérature. Il faut suivre son exemple ou celui de M. Louis Beuve. Je ne vois pas de milieu.