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qu’est la France, — avec succursales dans le monde entier. Mais si on élimine le médiocre, il reste de bons, et même de beaux poèmes en assez grand nombre pour démontrer que la Normandie est toujours digne de son vieux renom littéraire. Car s’il est difficile de trouver la caractéristique du poète normand, et, en général, du génie normand, ce génie n’en existe pas moins. Il serait peut-être moins long de dire ce qui manquerait à la littérature française sans les Normands, que de dire ce qu’elle leur doit, depuis la Chanson de Roland jusqu’à Corneille et Flaubert.

M. Féret a essayé, à la fin de cette Anthologie, de faire la part de la Normandie dans la littérature française. Son essai, un peu confus, ne manque pas d’intérêt. Les noms qu’il cite, presque tous connus, souvent représentatifs, donnent une belle idée de la vitalité intellectuelle de cette race, dont la vitalité pratique, mêlée pour une part à l’activité anglaise et de l’autre à l’activité française, continue la conquête du monde. Un seul des grands écrivains normands est traité avec sévérité par M. Féret : c’est Malherbe. Il ne lui pardonne pas d’avoir fait la guerre aux provincialismes et de s’être purgé lui-même de toute tache dialectale. Cependant Mal-