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De tels hommes sont nécessairement des croyants. Ils ont la foi, ou, du moins, ils ont une foi. Ce qui les fait sortir de leur silence, c’est le désir de contribuer à réaliser un idéal. Ils n’invectivent la vie que parce qu’ils la voient mauvaise, injuste, oppressive. Jadis ils en appelaient à Dieu, maintenant ils en appellent à l’avenir. C’est sur cette terre que leur idéal, croient-ils, régnera un jour. Les hommes ne seront pas toujours grossiers et méchants. Ils auront honte de l’avoir été ; ils baisseront la tête sous les outrages des poètes et des prophètes ; ensuite, ils n’auront plus les uns pour les autres que des sourires et des complaisances.

Les révolutionnaires mystiques sont des hommes de bon cœur et des hommes d’ordre. Seulement leur impatience se traduit trop souvent par de vilains cris et par des actes très laids, M. Verhaeren a dompté ses cris et les a pliés au rythme du vers français ; cela fait une belle musique, un peu violente, même un peu sauvage, mais d’une noble allure, d’un large mouvement.

Reprenons son dernier volume, les Villes Tentaculaires ; nous y trouverons de superbes formules d’espérance, de confiance dans l’avenir :