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superstitieux, les plaines fiévreuses où ils vivent, la monotonie des routes plates, le soleil gris de cette Flandre ensevelie dans les brumes. Il hait également la ville, qui lui apparaît comme un enfer où des damnés ivres de mauvais alcool se livrent dans les rues sales à de bestiales joies.

Et ayant dit tout son dégoût, il lève les yeux vers l’avenir, vers les temps où les villes peut-être lâcheront leurs proies, où les campagnes se repeupleront d’êtres sains et doux, comme jadis, où

L’esprit des campagnes était l’esprit de Dieu.


Ce mysticisme socialiste date de dix ans. Cela fait bien des années, et je ne crois pas ni qu’il trouve maintenant beaucoup d’adhérents, ni qu’il traduise très fidèlement les idées présentes de M. Verhaeren. Il vient cependant de faire réimprimer ces deux poèmes[1], et nous pouvons les juger librement.

Le volume contient de belles choses, surtout dans la seconde partie ; l’ensemble n’est pas séduisant. L’effort est considérable ; mais il demande

  1. Les Villes tentaculaires, précédées des Campagnes hallucinées. Paris, Société du « Mercure de France », 1 vol. in-18, 1904.