Page:Gourmont - Promenades littéraires, sér1, 1922.djvu/212

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Grèce. Il ne respire pas l’enthousiasme. On dirait même assez souvent que M. Moréas a été déçu de trouver les Grecs tels qu’ils sont et non tels qu’ils devraient être. Les paysages même de l’Hellade ne le charment pas autant qu’il aurait cru. Il regarde la Grèce, et il pense à Paris : « Aux environs de Chalcis, en Eubée, il y de beaux platanes sylvestres ; il y en a de nobles à Paris, dans le sublime jardin du Luxembourg. »

André Chénier n’était de Grèce que par sa mère ; M. Moréas l’est tout entier. Ce n’est pas cela qui fait son génie ; mais ses vers cependant ont quelque chose d’attique, qui, sans lui, manquerait à la poésie française. Ses voyages surtout l’ont formé ; ses voyages parmi les hommes et ses voyages parmi les livres.

1903.