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fluence de Victor Hugo sur Verlaine fut vraiment nulle : presque seul de ses contemporains, il a échappé à la domination du grand, du trop grand poète. Son véritable maître, c’est Théodore de Banville. Il la reconnu lui-même[1] : la lecture des Cariatides et des Stalactites « frappèrent littéralement d’admiration et de sympathie mes seize ans déjà littéraires ». Et il continue, disant : « Il y a dans ces poèmes une telle ardeur, une telle fougue, une telle abondance, une telle richesse en quelque sorte, que je ne crains pas d’affirmer qu’ils exercèrent sur moi une influence décisive. »

On ne peut rien ajouter à cet aveu. Le premier maître de Verlaine fut Banville ; le second fut Baudelaire ; le troisième fut lui-même.

Et quel avait été le maître de Victor Hugo ? Un poète bien oublié aujourd’hui, mais doué cependant d’une sorte de génie de transition, Alexandre Soumet. De 1818 à 1822, il le célèbre sur tous les tons dans ses lettres :

« Alexandre Soumet vous dit des choses tendres. Il fait ici des vers admirables et se porte mal. » Il admire surtout son théâtre : « Alexandre, qui est

  1. Œuvres posthumes, p. 189.