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Le livre a encore un autre titre que l’on découvre après avoir tourné la couverture : « Le Divan de la rue Le Peletier » ; meilleur que le premier, il a aussi le mérite d’être plus précis et de fixer immédiatement la période à laquelle se rapportent ces souvenirs. « Ce que je vais vous raconter, nous dit l’auteur, se passait, il y a un demi-siècle, ou très peu s’en faut, à ce café littéraire de la rue Le Peletier qu’on appelait le Divan, parce qu’il était assez simplement meublé à la manière de ceux de Stamboul. » C’est là que se réfugièrent, pour parler avec une relative liberté, au commencement du second Empire, des écrivains, des orateurs, des artistes que le nouveau régime gênait dans leur carrière.

On y voyait Chenavard, le précurseur mystique de Puvis de Chavannes, Préault, sculpteur plus célèbre par son esprit que sa sculpture, Taxile Delord, Clément Caraguel, Toussenel, Léon Gozlan, Philoxène Boyer, Théodore de Banville, et bien d’autres, la plupart complètement inconnus aujourd’hui.

Banville et Boyer étaient inséparables. Tous deux faisaient des vers, mais avec des talents inégaux. Tandis que Banville a laissé les Odes funambulesques, les Stalactites et plusieurs autres recueils