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pétuel qui grandit perpétuellement en force et en sagesse ; il ne sera jamais raisonnable, mais sa dernière manière de déraisonner est nécessairement la meilleure, puisque c’est celle de la génération vivante. A cause de cela, un vieillard nous paraît curieux, comme à une petite fille une plus petite fille. Comment vivait-on à l’époque où M. Philibert Audebrand avait trente ans ?

Cela remonte loin, car il en a aujourd’hui bien près de quatre-vingt-dix. Il était, à peu de chose près, le contemporain de Théophile Gautier et d’Alfred de Musset ; il vit paraître, à la devanture des librairies, Albertus, le Spectacle dans un fauteuil, les Feuilles d’automne, comme nous avons vu paraître les Trophées et la Princesse Maleine, Ce n’est pas en soi un grand mérite. Cela en devient un, quand le survivant, mêlé à la vie littéraire, a gardé sur sa jeunesse des souvenirs précis et qu’il est capable de les raconter agréablement.

C’est ce que vient de faire M. Philibert Audebrand dans un volume curieux à parcourir, plein d’anecdotes, de traits et de portraits, intitulé : Lauriers et Cyprès, pages d’histoire coutemporaine[1].

  1. Un vol. in-18, chez Calmann-Lévy.