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tion, l’amenèrent à Paris. Il croyait s’y amuser ; il s’y maria, épousa Mlle Lesage, qui était, dit-on, une descendante de l’auteur de Gil Blas. Le mariage ne calma nullement son humeur ; il vécut, ayant une femme légitime, exactement comme aux années de sa liberté. Mme Fabre d’Églantine supporta tant qu’elle put les infidélités excessives et même indécentes d’un mari qu’elle adorait. Cela dura dix ans, après quoi, à bout de patience, elle abandonna le volage, sans cependant, comme on va le voir, garder de lui un mauvais souvenir. Peut-être ne put-elle jamais oublier qu’elle était l’héroïne de la petite romance exquise qui s’appelle : Il pleut, il pleut, bergère… C’est à Maëstricht, où ils jouaient tous les deux la comédie, que Fabre d’Églantine composa les paroles etla musique de ce petit poème tellement connu qu’on en ignore généralement l’auteur :

Il pleut, il pleut, bergère,
Presse tes blancs moutons :
Allons sous ma chaumière,
Bergère, vite, allons.
J’entends sur le feuillage
L’eau qui tombe à grand bruit ;
Voici, voici l’orage
Voici l’éclair qui luit.

Dans le volume des œuvres mêlées de Fabre