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UNE IMPÉRATRICE[1]

Vous êtes empereur. Seigneur, et vous pleurez !
Racine, Bérénice.


C’est la beauté de la tragédie et son intérêt humain et surhumain, qu’elle ne met en scène que des êtres vivant au-dessus des lois, affranchis des devoirs vulgaires, libérés, par leur naissance et par leur bon plaisir, des misères de la promiscuité sentimentale, de certaines obligations hypocrites, des ménagements de l’égalité. Quand Louis XIV pleure Mlle de la Vallière, la sincérité de sa douleur est absolue, car il n’a rien à ménager, ni les convenances, qu’il règle, ni l’opinion, qu’il dirige, ni lui même, modèle des attitudes. L’homme apparaît nu dans sa grandeur et dans sa misère,

  1. Constantin Christomanos : Elisabeth de Bavière, impératrice d’Autriche. Pages de journal. Impressions, conversations, souvenirs. Traduction de Gabriel Syveton. Portrait de l’impératrice par Fernand Khnopff. Préface de Maurice Barrès. — Paris, Société du Mercure de France.