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tombons sur le champ de bataille, nous ne voulons pas qu’une parcelle de la fortune de la France aille entre leurs mains ! » Dès lors, j’eus davantage encore de confiance. Ce paysan avait fait le sacrifice de sa vie, mais non celui de sa fortune et celui du succès final. Il fit un assez long discours, fiévreux et haché, pendant lequel il buvait force tasses de cidre, puis il monta dans sa carriole et disparut. Il avait fait jusqu’au bout son devoir de laboureur qui, ayant semé, puis récolté, vient vendre les produits de son travail. Son devoir de soldat allait commencer, et, comme il avait été sans doute un âpre paysan, il allait devenir un âpre combattant.