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L’IRRÉDENTISME



10 janvier 1915.


M. Prezzolini écrit dans La Voce : « Il ne faut pas que l’Italie fasse la guerre pour T. T. (Trieste et Trente). Tout le monde me croit irrédentiste. Je ne le suis pas et le moment est venu de le dire, je suis si peu irrédentiste que, si demain l’Autriche nous offrait Trente, Trieste, l’Istrie et la Dalmatie, à condition de ne pas déclarer la guerre aux deux Empires, je serais d’avis de refuser. Si nous obtenions Trente, Trieste, l’Istrie, la Dalmatie et Vallona par-dessus le marché, mais si, en même temps, l’Allemagne, grâce à cela, parvenait à écraser la France et à abattre l’Angleterre et à juguler la Russie, nous nous serions mis dans une situation pire que la situation actuelle où nous n’avons pas T. T. et le reste, mais où nous avons notre liberté. La question de la guerre n’est pas la question de l’irrédentisme ; c’est la question de la liberté italienne. La question de la guerre n’est pas une question d’irrédentisme, c’est une question d’italianité. Elle ne peut ni se discuter ni se résoudre sur la base du