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rude boutade et peut-être une imitation de la manière de Voltaire. Ces grands Allemands du passé nous appartiennent d’ailleurs presque autant qu’à l’Allemagne. Ils ont tous sucé le lait de la culture française, Goethe le premier. Schopenhauer doit beaucoup à Chamfort et à Voltaire. Nietzsche, qui haussait les épaules à l’idée seule de culture allemande, avait l’esprit plein de nos plus pénétrants écrivains. Pour moi, je ne les abandonne pas plus que je n’abandonnerais Shakespeare ou Léopardi. Je n’ai pas conscience, en les aimant, d’aimer la pensée allemande, mais bien la pensée humaine.