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lucie delarue-mardrus

encore, et veut aller devant elle sans tourner la tête en arrière :

Car j’ai quitté tous les pays. Je suis en route.

Elle porte sa patrie en elle, et reconnaît partout « la couleur de ses songes ». On retrouve en elle l’âme de ces Barbares du Nord qui envahirent l’Europe :

L’Univers est à moi, tout pays est le mien,
Je suis chez moi partout et partout étrangère.

Cependant, ce dernier volume, la Figure de proue, se termine par un hymne à sa terre natale. La poétesse repartira encore vers des pays mystérieux, mais c’est, à chaque retour, en ce petit port de Normandie où elle est née qu’elle jettera l’ancre.

À propos de la poésie de Mme de Régnier et de Mme Delarue-Mardrus, je voudrais faire cette remarque : tandis que les jeunes poètes mâles