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lucie delarue-mardrus

lité l’excitation des parfums. C’est de la pamoison. Si Mme de Noailles a « tenu l’odeur des saisons » dans ses mains amoureuses, Mme Delarue-Mardrus entre dans un paysage comme en un bain :

Et je me baignerai parmi les ombres vertes,
Les grands arbres qui font, ainsi que des doigts gais,
Choir leur floraison sur les faces
Et, comme des amis, je presserai leurs masses
Entre mes deux bras fatigués !

C’est, dès la première page de son premier livre, une prise de possession de la nature ; mais ce ne sont pas ici les jardins et les parcs où Mme de Noailles a projeté l’ombre de ses jours et éparpillé son cœur innombrable ; ce sont de vrais champs, où les herbes poussent sans symétrie, où il n’y a d’autres allées que les sentiers irréguliers creusés lentement par les pas des hommes. Dans cette nature, la jeune poétesse entre pieds nus et prend un contact direct avec elle :