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gérard d’houville

belles du paganisme, en les vivifiant de la sève de la sensibilité féminine. Voici Psyché :

PSYCHÉ[1]


Elle passe sans bruit dans la maison déserte
Tenant entre ses mains une lampe qui meurt ;
Son voile safrané flotte dans la nuit verte,
Y laissant le parfum nocturne d’une fleur.

Elle passe sans bruit dans la maison de songe,
Son visage invisible est sans doute ingénu,
Et sa jambe divine, et longue et pâle, allonge,
Un pied prudent et froid sur le dallage nu.

Parfois, son beau genou brille comme la lune
Ou son ventre entrevu sous le lin transparent ;
Ou bien, pour relever sa chevelure brune,
S'éclaire et s’arrondit un souple bras d’argent.

. . . . . . . . . . . . . .

Elle revient sans bruit quand naît l’aube rosée,

Et son petit visage est pâle et plein d’effroi ;

. . . . . . . . . . . . . .

  1. Revue des Deux Mondes, 1er février 1905