Page:Gourmont - Muses d’aujourd’hui, 1910, 3e éd.djvu/55

Cette page a été validée par deux contributeurs.

désirent fixer les sensations qui les ont troublés divinement. Mme de Noailles, comme Iphigénie, aime la lumière, plus peut-être que l’amour, ou plutôt pour elle l’amour est une clarté qui illumine et embellit les paysages secrets de l’âme. Elle nous a laissé cette impression d’enfance :

Je n’avais de terreur soudaine, de tristesse
Qu’au moment frissonnant et frais où le jour baisse
Et je ne croyais pas qu’il y eût d’autre ennui
Que le souci sacré que nous cause la nuit
Comme aux oiseaux, comme aux buissons, comme aux corolles !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

L’œuvre de Mme de Noailles est trop connue, elle a été trop souvent étudiée et analysée pour que j’insiste sur sa valeur : je voulais seulement ici chercher et découvrir, pour moi-même d’abord, les raisons profondes et secrètes de cette poésie, qui est bien un merveilleux effort pour reconstituer l’atmosphère vitale nécessaire à l’épanouissement du poète.