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souvent, ce que ces poétesses cherchent à exprimer, c’est la vibration immédiate de leur sensibilité, le mouvement même de leur émotion spontanée. On dirait aussi qu’elles tentent d’attirer les désirs épars dans l’air : leur poésie me semble souvent une nudité aguichante. Toute femme poète fait un peu le geste de Phryné qui se dénude devant ses juges, ou plutôt et plus simplement, le geste de l’amante qui se déshabille pour son amant. Mais c’est une impudeur plus complète, puisque ces femmes porte-lyres nous révèlent ce que l’amant le plus perspicace, le plus curieux ne saurait découvrir : les secrets mouvements de leur horlogerie sentimentale.

Cependant quelques-unes, parmi ces poétesses, doivent être distinguées, parce que leur poésie, rayonnement de leur être, atteint une généralisation qui dépasse leur personnalité. Il y a, parfois, dans les œuvres de Mmes de Noailles, Gérard